Le séisme au Japon paralyse les usines de semi-conducteurs

Juste avant minuit le 16 mars, un tremblement de terre de magnitude 7,4 a frappé près de Fukushima, au Japon. À peine 11 ans après le tremblement de terre de 2011 qui a ensuite conduit à une catastrophe nucléaire à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, la région est de nouveau malmenée au pire moment. Les résultats sont indésirables, c'est le moins que l'on puisse dire ; évidemment, il y a perte de vies humaines et blessures, mais il y a aussi une importante installation de fabrication de semi-conducteurs pour l'automobile située dans la région. D'autres installations de fabrication dans le secteur automobile sont également situées dans la région.

À ce jour, des entreprises de renom ont suspendu leurs opérations par souci de sécurité, soulevant des inquiétudes quant au problème de la chaîne d'approvisionnement automobile qui connaîtra un autre revers. L'une d'entre elles est Renesas, une entreprise mieux connue pour la production de microcontrôleurs de qualité automobile, de composants analogiques et de produits d'alimentation. La chaîne d'approvisionnement post-COVID est toujours sous tension avec une demande des consommateurs accrue, en particulier aux États-Unis, où ces entreprises détiennent une part de marché significative. Comment ce nouveau développement concernant Renesas affectera-t-il les chaînes d'approvisionnement mondiales ?

Défis de la chaîne d'approvisionnement au Japon

Le tremblement de terre de magnitude 7,4 qui a frappé au large de la côte nord-est du Japon a provoqué des ondes de choc puissantes qui ont été ressenties jusqu'à Tokyo. Le résultat a été une perte de courant temporaire pour des millions de foyers et d'entreprises, comme rapporté par Reuters et d'autres médias. Bien que le tremblement de terre ait frappé dans la même région que celui qui a causé la catastrophe de Fukushima Daiichi, aucun dommage aux installations nucléaires n'a été signalé et aucun danger n'est attendu pour les résidents à proximité.

Sur le plan des affaires et de la fabrication, plusieurs entreprises japonaises ont été affectées par la perturbation et ont suspendu leurs opérations par souci de sécurité. Parmi les fermetures notables, on compte :

• Renesas a interrompu la production dans trois installations ; quatre autres installations, dont deux usines de plaquettes de 12 pouces, n'ont pas été affectées et restent en ligne

• Les lignes de fabrication de NAND de Kioxia étaient déjà arrêtées en raison d'une contamination, et l'entreprise retarde la reprise de la production tout en projetant une augmentation des prix des matières premières d'environ 10 %

• Le fournisseur de condensateurs en céramique Murata a initialement interrompu les opérations dans quatre usines, bien que deux installations aient redémarré la production au 18 mars

• Toyota a annoncé l'arrêt de 18 lignes de production dans 11 installations domestiques, y compris des installations gérées par Hino et Daihatsu

• Subaru, Hitachi Astemo et le raffineur Eneos ont suspendu leurs opérations et reviennent lentement à leur capacité de production maximale

• L'usine de supports de stockage de Sony, l'usine de lasers à semi-conducteurs et l'usine de capteurs d'image ont toutes suspendu temporairement leurs opérations car ces trois usines sont situées près de l'épicentre

Pour les résidents locaux et les entreprises, il y a actuellement une crise de distribution d'électricité qui devrait persister à court terme. Le gouvernement japonais a émis une alerte et a appelé les ménages à économiser l'électricité autant que possible pendant que les équipes travaillent à rétablir le courant. Dans un événement comme celui-ci, il y a un potentiel de répliques, et les entreprises font preuve de prudence alors qu'elles s'efforcent de restaurer les opérations de production.

Effets directs sur les fournisseurs d'électronique et autres entreprises

Dans un événement comme celui-ci, où plusieurs entreprises sont directement affectées en pleine crise de la chaîne d'approvisionnement électronique, il est intéressant d'examiner les effets potentiels à grande échelle. La région autour de la préfecture de Fukushima a une histoire de tremblements de terre qui ont interrompu la production industrielle, y compris au cours des 11 dernières années depuis la catastrophe de Fukushima Daiichi.

Renesas fait évidemment parler d'elle ici car c'est un fabricant bien connu de semi-conducteurs pour l'industrie automobile. Aux États-Unis, ce segment du marché des semi-conducteurs a fait les gros titres à plusieurs reprises en raison de pénuries intenses de semi-conducteurs automobiles tout au long de 2021. Selon un rapport de janvier 2021 de Fitch Ratings (citant Gartner), Renesas « est la troisième plus grande entreprise de semi-conducteurs automobiles au monde, et le plus grand fournisseur de microcontrôleurs avec 19 % de part de marché, selon le cabinet d'études Gartner. Renesas occupe également des positions de leader dans des domaines de produits de niche, tels que les produits d'interface mémoire et les produits de synchronisation... »

Les opérations dans les installations de Renesas sont restées suspendues, bien que l'électricité ait été rétablie dans les deux usines qui avaient perdu le courant peu après le tremblement de terre. Les opérations devraient revenir à une production normale plus tard cette semaine.

Si nous examinons le passé récent, nous trouvons trois incidents majeurs entre le tremblement de terre de 2011 et le tremblement de terre actuel de 2022 où des catastrophes naturelles ont interrompu la production de semi-conducteurs Renesas dans la région de Fukushima :

1. Tremblement de terre de novembre 2016, résultant en des fermetures d'usines

2. Tremblement de terre de février 2021, résultant en des fermetures d'usines

3. Incendie d'usine de mai 2021, résultant en la destruction de 23 machines et d'une salle blanche

Après le tremblement de terre qui a frappé au large de la côte de Fukushima en 2011, Renesas a retravaillé son plan de continuité d'activité pour garantir que les opérations de l'entreprise peuvent rester en cours pendant les catastrophes naturelles ou humaines. Le tremblement de terre de 2011 a affecté d'autres fournisseurs dans l'industrie automobile, et pendant un certain temps par la suite, il y a eu une pénurie mondiale de résine utilisée dans les peintures métalliques automobiles. Depuis lors, la base industrielle du Japon a tiré de nombreuses leçons pour s'assurer qu'elle peut maintenir la production malgré les chocs de la chaîne d'approvisionnement, en particulier ceux provenant des tremblements de terre.

Même après qu'il soit devenu évident que la demande mondiale en semi-conducteurs entraînerait de graves pénuries en 2021, la pénurie mondiale de semi-conducteurs a à peine affecté la production de Toyota. À la mi-2021, Toyota dépassait ses objectifs de vente pour l'année et s'attendait à une croissance continue en 2022. Maintenant qu'un autre tremblement de terre a provoqué davantage de perturbations dans la chaîne d'approvisionnement, Toyota a réduit son estimation de production de véhicules pour avril d'environ 150 000 véhicules, citant spécifiquement les pénuries de puces.

Le Verdict

Je m'attendrais à ce que toute perturbation dans la chaîne d'approvisionnement mondiale due à ces événements soit de courte durée, à moins que le tremblement de terre actuel ne soit qu'un prélude à un séisme plus grand et beaucoup plus dévastateur. Je pense que la leçon importante ici est que les entreprises devraient considérer cette dimension supplémentaire de vulnérabilité de la chaîne d'approvisionnement lorsqu'elles choisissent où localiser leur capacité de production. Les catastrophes naturelles, les pandémies, les événements géopolitiques, les risques liés à la propriété intellectuelle/cybersécurité et les facteurs économiques sont tous des points à considérer lors de la gestion des risques de la chaîne d'approvisionnement. L'industrie pourrait bientôt voir un moment où la gestion des risques et le maintien de la production primeront sur le retour sur investissement lors de la localisation des capacités de production, ce qui nous sortira des cycles de pénurie/surplus observés dans l'industrie des semi-conducteurs.

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